jeudi 7 février 2002

Destabilisation en Kanaky Nouvelle-Calédonie

DOSSIER DE PRESSE/ Communiqué de Mr. Roch WAMYTAN

( FLNKS – Kanaky / Nouvelle-Calédonie) le 07/02/2002


DESTABILISATION EN « KANAKY/ NOUVELLE-CALEDONIE »

Une stratégie de MANIPULATIONS et de « COUPS TORDUS »

( Au service de la France qui s’oppose à l’Indépendance de la NOUVELLE-CALEDONIE et de son OUTRE-MER : DOM-TOM ? )

De par mes engagements et responsabilités sur la scène politique Calédonienne : Grand CHEF de la Tribu de ST LOUIS (banlieue de NOUMEA) Président du FLNKS du 09/12/95 au 17/11/2001 et à ce titre signataire des Accords de NOUMEA en 1998, Président du Groupe « Fer de Lance Mélanésien », organisation régionale du Pacifique sud (Papouasie Nouvelle-Guinée, Salomon, Fidji, Vanuatu et FLNKS pour Kanaky( Nouvelle-Calédonie), il me revenait, en cette période de crise que traverse la Nouvelle-Calédonie de dénoncer publiquement la déstabilisation organisée dans mon Pays en rappelant les faits, le contexte et en m’interrogeant sur les commanditaires.

Lors du 2ème Comité des signataires de l’Accord de NOUMEA qui vient de se tenir du 22 au 25 Janvier 2002 à Paris, le gouvernement Français a confirmé de nouveau que « tout allait bien en NOUVELLE-CALEDONIE » à part les dissensions au sein du FLNKS ( Front de Libération National Kanak Socialiste). Ce discours officiel en vigueur depuis la signature de l’Accord de Matignon en 1988 masque en fait les stratégies de manipulation, visant essentiellement à perpétuer la domination de l’ETAT Français et à contrôler les nombreuses richesses naturelles ( Nickel, Gaz, Pétrole etc.…) que recèle le pays.

Le FLNKS qui représente les intérêts et les Droits légitimes du Peuple KANAK dans la perspective de construction d’un ETAT en devenir, constitue par voie de conséquence l’obstacle majeur à la maîtrise par la France d’une de ses dernières colonies. Ces dernières participent, comme l’indique le site Internet du Secrétariat d’Etat à l’OUTRE-MER (www.outremer.gouv.fr.) à la « respiration de la France dans le monde» !

Dans la plus pure tradition coloniale, tous les coups sont permis pour neutraliser le FLNKS. Il est réduit à sa plus simple expression : une coquille vidée de sa substance, ses fonctions sont alors diluées et assurées soit par les partis politiques, soit par les exécutifs et les institutions coutumières où le combat pour le droit des peuples autochtones peut remplacer insidieusement celui du droit des peuples à disposer d’eux mêmes. Le FLNKS est écrêté par la tête, ses responsables sont « retournés » ou pire, pour les plus récalcitrants, éliminés politiquement ou physiquement.

Les graves événements actuels en Nouvelle-Calédonie sont une illustration de cette vaste entreprise de déstabilisation. Les conflits ethniques Kanak/Wallisiens/Futuniens à Saint Louis, les dérives des mouvements de grève à la SMSP, participent avec les turbulences organisées au sein de la mouvance indépendantiste, de cette stratégie de manipulation propre aux ETATS coloniaux.

I) Déstabilisation : les Faits

A) KANAK contre WALLISIENS / FUTUNIENS

1) Immigrée en Nouvelle-Calédonie dés les années 50 à la recherche d’un emploi dans les mines de Nickel, la communauté Wallisienne et Futunienne a été dés le départ contrôlée et encadrée économiquement, politiquement et idéologiquement par la droite locale. Elle s’est alors opposée à la revendication Nationaliste Kanak. Grâce au travail de conscientisation effectué par le RDO( Rassemblement Démocratique Océanien), une part de plus en plus importante de cette communauté s’est détachée des partis dits « anti-Indépendantistes » pour rejoindre le combat du FLNKS. Cette alliance ne pouvait que contrecarrer les objectifs de ceux qui restent fondamentalement opposés à un rapprochement des Océaniens dans la lutte pour l’Indépendance Kanak. D’où la nécessité d’étouffer dans l’œuf toute initiative de ce genre. Ainsi l’Union Océanienne, première tentative d’unification, des Wallisiens/Futuniens au sein d’un Parti Politique Autonome fût l’objet de déstabilisation.

Par ailleurs, le moindre signe de tension entre les Communautés Kanak et Wallisien/Futunien était exploité de façon éhontée.

En octobre 2001 à Bourail ( Commune située au Centre de la Nouvelle-Calédonie à 160km de Nouméa), un conflit entre lycéens Kanak et Wallisien/Futunien dégénérait. S’agissait -il d’une opération test avant les évènements de ST Louis ?

Ces évènements éclataient en effet le 13 Novembre 2001 suite à un barrage organisé par les Wallisiens/Futuniens excédés par des caillassages de jeunes Kanaks de la Tribu de ST LOUIS. Curieusement cette opération se déroulait à 4 jours du Congrès du FLNKS (17 Novembre 2001) au cours duquel le renouvellement de la Présidence du FLNKS était prévu.

Le 7 Décembre 2001, une bagarre entre jeunes Kanak et Wallisiens/Futuniens entraînait l’incendie de 7 maisons de familles Wallisiennes, des fusillades avec blessés et un barrage routier pour exiger le départ sans condition avec un délai fixé au 08/03/2002 de l’ensemble des 700 personnes d’origine Wallisienne/Futunienne habitant le Val de l’Avé Maria à ST LOUIS. Curieusement ces graves évènements se déroulaient deux semaines avant le Congrès du FLNKS (du 22/12/01) et une semaine avant le CPAPSR( Comité Permanent pour les Affaires Politiques et la Sécurité Régionale), organisme interne au Groupe de Fer de Lance Mélanésien, qui se tenait à Lifou( Iles Loyautés) sous la Présidence du FLNKS.

Autour du 20 janvier 2002 à quelques jours du comité des signataires, un tract dénonçant une tentative d’épuration ethnique signé par des soit disant jeunes Wallisiens/Futuniens était distribué à ST LOUIS et dans les quartiers de NOUMEA. Dans le même temps des rumeurs faisaient états de l’arrivée de « réfugiés » de ST LOUIS à POYA, d’où la réaction des Coutumiers Kanak de la région s’opposant à la création d’un second foyer de tension Kanak/Wallisiens/Futuniens.

A la fin du Comité des signataires de l’Accord de Nouméa et après le retour des délégations RPCR (Rassemblement pour la Calédonie dans la République) et FLNKS le 03 février 2002 à Nouméa, le jeune Kanak Jean-Marie GOYETTA grièvement blessé lors des fusillades du 08 janvier 2002 décédait des suites de ses blessures. Sa mort entraînait des comportements jamais observés à la Tribu de ST LOUIS : responsabilité de sa mort attribuée à la chefferie de ST LOUIS, refus de la coutume pour les funérailles et dégradations des tombes Wallisiennes et Futuniennes au cimetière de ST LOUIS.

B) KANAK contre KANAK : la SMSP ( Société Minière du Sud Pacifique)

Durant la réunion du Comité des signataires à Paris, une grève était organisée par le Syndicat des Ouvriers et Employés de la Nouvelle-Calédonie( SOENC) section Mines pour protester contre la mise en chômage partiel de 360 employés de la SMSP, suite à la conjoncture défavorable du marché mondial du Nickel. Cette Société rachetée par la Province NORD ( FLNKS) au député Jacques LAFLEUR, est devenue au fil du temps le premier exportateur de Minerai de Nickel vers le JAPON.

Le dérapage « organisé » de cette grève aboutissait à l’incendie de véhicules de la Société, au vol de documents confidentiels et au saccage des Bureaux à Nouméa dont celui de Raphaël PIDJOT figure emblématique du FLNKS, PDG de la SMSP, mort dans un « accident » d’hélicoptère le 28/11/2000 avec l’équipe dirigeante de la Société. Les causes de cet accident ne sont toujours pas élucidées. La réaction attendue était la mobilisation des structures locales du FLNKS contre les grévistes du SOENC Mines en majorité Kanak.

II) La Déstabilisation : le contexte

A) Les déstabilisations actuelles naissent à des dates clés dans un contexte de tensions.

Afin d’asseoir leur pouvoir sur les populations ou les sociétés, il est courant de voir les Etats ou des groupes organisés user de la stratégie de la tension. Dans un premier cas, les tensions sont suscitées et entretenues. Dans un second cas elles sont utilisées. Ainsi à partir des problèmes réellement vécus sur le terrain, qu’ils soient d’ordre économiques, politiques, sociaux ou culturels, des situations de tension peuvent servir à des buts inavoués.

I) En Kanaky/ Nouvelle-Calédonie

Cette stratégie bien connue est savamment mise en place en Kanaky/Nouvelle-Calédonie. Ainsi les conflits entre kanak ou entre ces derniers et « les victimes de l’histoire » ( océaniens, caldoches, asiatiques…) sont amplifiés, par la manipulation ce qui permet à l’Etat Français de se positionner comme seul arbitre et garant de la paix entre les différentes communautés ethniques.

1/1 le FLNKS

Après les différents Congrès des Partis composant le FLNKS, en novembre 2001, les deux congrès du 17 novembre et 22 décembre 2001 avaient pour objet de procéder à une réorganisation en profondeur et à la désignation du nouveau Président. La réorganisation est donc en chantier et le FLNKS se trouve momentanément sans Président depuis le 17 novembre 2001. L’ampleur des déstabilisations constatées, arrivera t-elle à point nommé pour ceux qui souhaitent la mort programmée de cette instance suprême de la représentation Kanak ?

1/2 le Comité des Signataires de l’Accord de Nouméa

La réunion des comités des signataires à Paris a été l’occasion pour le FLNKS de dénoncer le non-respect des engagements de l’Accord de Nouméa. Au nom du discours du gouvernement français « Tout Va Bien Madame la Marquise », les points litigieux ont été minimisés :

- la Nouvelle-Calédonie a été réinscrite sur la liste des Pays à décoloniser de l’ONU en 1986. Dans ce cadre, le droit de vote est réservé au seul peuple colonisé. Le peuple Kanak, peuple concerné par ce principe a accepté d’ouvrir ce droit dans un premier temps aux victimes de l’histoire coloniale puis aux personnes installées en Nouvelle-Calédonie en 1998. Ainsi, les dispositions prévues dans l’Accord de Nouméa sur le corps électoral constituent la clé de voûte de cet Accord. Ce dispositif a été prévu pour éviter d’une part que les Kanak deviennent de plus en plus minoritaires dans leur Pays, et pour enrayer d’autre part la politique de peuplement voulue par l’Etat Français et par le RPCR à l’exemple de ce que déclarait le Député Jacques LAFLEUR en décembre 2001 dans le FIGARO que « la Nouvelle-Calédonie était désormais prête a accueillir UN MILLION de personnes ». Or le Conseil Constitutionnel en interprétant différemment le texte de l’Accord de Nouméa sur ce point particulier a mis en péril toute l’architecture patiemment élaborée lors des négociations politiques.

- la notion de collégialité entre le FLNKS et le RPCR a été retenue comme principe de Gouvernement pour l’Exécutif de la Nouvelle-Calédonie. Elle constitue un point d’équilibre de l’Accord de Nouméa. Jamais respectée par le partenaire RPCR, le FLNKS a dû recourir, souvent en vain, au système des recours devant la juridiction administrative pour faire respecter l’esprit et la lettre de l’Accord. La situation s’est encore aggravée avec la perte d’un siège FLNKS dans ce gouvernement. Désormais représenté par 3 Ministres sur 11, le FLNKS est largement marginalisé. D’où la proposition formulée le 17/11/2001 devant le congrès du FLNKS, de remettre en place un « gouvernement provisoire de Kanaky » afin de préparer le Pays à l’accession de l’Indépendance.

- Le FLNKS s’est toujours battu pour défendre le principe de la « maîtrise des ressources naturelles et le contrôle des outils qui les valorisent ». Dans ce cadre le FLNKS a exigé l’ouverture du capital des sociétés métallurgiques aux intérêts du pays afin que les fabuleux contrats connus ou cachés actuellement passés avec les groupes d’intérêts ne contribuent a poursuivre le pillage de nos ressources et à rendre exsangue le futur Etat de la Kanaky. Le FLNKS a par ailleurs demandé que toute les garanties soient prises afin d’assurer la défense de l’environnement autour des grands projets « polluants ».

Il est clair qu’en cas de non-respect des engagements de l’Etat Français et du RPCR, sur les éléments clés de l’accord de Nouméa, notamment le corps électoral, le FLNKS devra dénoncer cet Accord.

2 - En France

La Nouvelle-Calédonie de par sa position géographique constitue un enjeu réel pour la France dans un environnement anglo-saxon et américain. L’étendue de sa zone des 200 milles marins associée à celle de l’outre-mer français participe à faire de la France une puissance maritime de 1er plan dans le monde. Vu l’importance de ses ressources naturelles sur terre ( Nickel, Cobalt, ) sur mer ( ressources halieutiques) et sous mer ( Gaz, Pétrole). L’Etat Français souhaite « conserver » ce pactole éternellement.

Sur ce « Pactole » vit une population Kanak qui revendique ses droits de peuple colonisé. Ses revendications, ses aspirations, ses inquiétudes trouvent en fait peu d’écho en France puisque depuis les Accords de Matignon/Oudinot, le gouvernement s’arrange pour que seul sa voix « officielle » soit entendue.

Les élections Présidentielles de 2002 fournissent donc l’opportunité pour le FLNKS, la KANAKY et les mouvements Indépendantistes de l’outre-mer français de s’exprimer et d’interpeller publiquement les candidats sur leurs revendications respectives. C’est d’ailleurs ce qui va se passer en mars 2002 lors de la 2ème réunion des mouvements Indépendantistes à Paris et la rencontre avec les candidats ou leurs représentants.

La campagne électorale pour les élections présidentielles a déjà débuté. Selon certains observateurs politiques, elle sera la plus dure de la cinquième république compte tenu des nombreuses « affaires » qui ne manqueront pas de remonter à la surface. Les mouvements indépendantistes de l’Outre-mer pourront-ils, sans risque d’être déstabilisés, faire entendre leurs voix dans cette « lutte à mort » que vont se livrer les principaux candidats ?

3 - Au niveau International

Suite aux attentats du 11 septembre 2001 à NEW-YORK et WASHINGTON, un « grand combat mondial » se livre contre le terrorisme international. Par effet d’entraînement ou mimétisme, le danger est que chaque pays cherche à régler ses comptes avec ceux qu’il considère comme « ses terroristes internes ». Si ces terroristes n’existent pas, il faudrait alors les inventer ou susciter leur émergence pour mieux les combattre. Par exemple, récemment dans le Nouvel Observateur, Mr. LE PEN déclarait son désaccord avec MITTERRAND « allié des terroristes du FLNKS ». Histoire de rester dans l’air du temps, certains pourraient par exemple être enclins en Nouvelle-Calédonie à faire passer pour terroristes, la jeunesse Kanak et Océanienne.

B) Les Destabilisations apparaissent toujours aux périodes charnières : l’Histoire bégaye.

Il convient de constater qu’à chaque moment important de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie ( négociations politiques France/Indépendantistes, mission politique en France ou à l’ONU à l’occasion de l’inscription de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des Pays à décoloniser) les mêmes types de déstabilisation ont été menés.

1- Sur les leaders Indépendantistes

- Assassinat politique de Pierre DECLERCQ, Secrétaire Général de l’Union Calédonienne (UC) en septembre 1981 à l’ouverture des discussions du Front Indépendantiste avec le nouveau gouvernement socialiste et le Président MITTERRAND qui avait promis l’Indépendance au Peuple Kanak.

- Assassinat d’Eloi MACHORO en 1985 après la proposition formulée par le Haut-Commissaire Edgard PISANI de faire de la Nelle-Calédonie un Etat Associé à la France.

- Assassinat de Jean-Marie TJIBAOU et Y. YEIWENE en mai 1989 à la fin de la période de l’administration directe et à un mois des élections Provinciales qui devaient les conduire tous les deux à la tête des Provinces NORD et ILES Loyautés, concrétisant ainsi la mise en place des Accords de Matignon/Oudinot. Quatre mois avant son assassinat, au cours d’un entretien accordé à une journaliste australienne le 07 janvier 1989, J.M. TJIBAOU déclarait, qu’il se réservait le droit de revenir sur les Accords de Matignon compte tenu du non respect des dispositions de cet Accord par les partenaires RPCR et Etat Français !

- Disparition presque systématique des leaders Kanak occupant des postes importants (Henri WETTA et Théophile PONGA conseillers RPCR à la Province NORD morts de crise cardiaque, Jacques IEKAWE 1er Préfet Kanak décédé d’un cancer foudroyant à quelques mois d’exercer sa fonction de Secrétaire Général de la Communauté du Pacifique Sud (CPS), Raphaël PIDJOT PDG de la SMSP disparu dans un « accident » d’hélicoptère, Clément VENDEGOU tué dans un accident de voiture au moment de l’installation de projets miniers dans le Sud…).

- « Retournement » de leaders Indépendantistes qui se retrouvent opposés à leur propre camp, parfois en alliance avec la droite locale ou en relais direct de la politique de l’Etat Français. C’est notamment le cas depuis 1998 lors des négociations politiques sur l’Accord de Nouméa avec la création d’un mouvement contre le FLNKS ; la FCCI (Fédération des Comités de Coordination pour l’Indépendance) rappelant étrangement le FAAD crée par les services secrets Français durant la guerre d’Algérie pour s’opposer au FLN.

2) Lors des Présidentielles de 1988

Un jeu franco-français des candidats MITTERRAND et CHIRAC, respectivement Président et 1er Ministre, s’est effectué sur le dos des Kanak de la grotte d’OUVEA. Chaque candidat espérait tirer le maximum de profit politique de cet événement dramatique à l’instar de ce qui s’est passé, pour les otages du LIBAN à la même époque. L’histoire va t-elle de nouveau bégayer en 2002 à l’occasion des Présidentielles ?

III) DESTABILISATION : A qui profite t-elle ? Quels en sont les acteurs et les Commanditaires ?

Il est évident que la déstabilisation profite à tous ceux qui sont opposés à l’Indépendance de la KANAKY/ Nelle Calédonie.

1) la lettre datée du 17/07/1972 de Pierre MESSMER, Premier Ministre est toujours d’actualité.

Dans cette lettre le Premier Ministre donne clairement la recette de la France pour noyer la revendication d’Indépendance du peuple Kanak. Il s’agit de faire de la Nouvelle-Calédonie une colonie de peuplement, une SUISSE du Pacifique. Pour cela il est impératif d’organiser une immigration massive d’Européens de France Métropolitaine afin de rendre minoritaire le peuple Kanak dans son propre pays.

Parallèlement il convient de mettre en échec toute forme d’alliance entre Kanak et Océaniens. Les conflits Kanak / Wallisiens-Futuniens notamment sur ST LOUIS ressemblent étrangement à une mise en œuvre de ce programme au delà des problèmes fonciers et de voisinage, on assiste dans ces évènements de ST LOUIS à une tentative de sabotage du RDO. Depuis 1998, ce parti s’est délibérément placé au sein du FLNKS, associant ainsi les Wallisiens/Futuniens au projet de l’Indépendance Kanak. Sabotage du RDO et par voie de conséquence, déstabilisation de ses principaux maîtres d’œuvres : le FLNKS et les principaux responsables politiques Wallisiens / Futuniens et Kanak.

2) Instrumentalisation ETHNIQUE

La mise en œuvre du programme « MESSMER » implique des manipulations ethniques dans la plus pure tradition coloniale. Le génocide Rwandais est un des exemples le plus meurtrier des guerres cachées à l’ombre de la France officielle, « la Françafrique ».

S’agissant de la Nouvelle-Calédonie, on observe depuis la revendication d’Indépendance et notamment à partir de 1984 et 1985, à un développement progressif de l’instrumentalisation ethnique. Elle relève en général de provocateurs agissant en coulisse tels des « soldats de l’ombre » très présents et d’un très haut niveau.

Ce mécanisme se conforte à nouveau depuis la signature des Accords de Nouméa et l’arrivée prévue de groupes d’intérêts, nombreux et puissants (ex : ELF/TOTAL). On a pu ainsi constater que des « experts » en déstabilisation et manipulation se sont installés en Nouvelle-Calédonie. Certains de ces « Grosses Pointures » ont initié et géré , des actions de déstabilisation soit dans la région Pacifique lors de l’Indépendance des NOUVELLES HEBRIDES/VANUATU entre 1975 et 1980, soit en Afrique Francophone ou dans l’Océan Indien.

3) La Mélanésie

Etrangement, dans le même ordre d’idée, l’ensemble des Pays Mélanésiens fait l’objet de déstabilisations. Dans la chronologie des évènements, elles ont commencé lorsque ces pays ont crée le « Groupe de Fer de Lance Mélanésien » afin de soutenir le peuple Kanak dans sa lutte pour l’Indépendance. Elles se sont accrues ( coup d’Etat à FIDJI, conflit ethnique aux Iles SALOMON et en PAPOUASIE NOUVELLE GUINEE) lorsque ces pays ont soutenu, à l’ONU, la réinscription de la Nouvelle-Calédonie sur la liste des pays à décoloniser. Elles risquent de se renforcer après la décision prise au 14ème sommet du Groupe du Fer de lance Mélanésien en juillet 2001 à Nouméa de confier au FLNKS la Présidence de cette organisation régionale pour 2 ans ( 2001-2003). Le FLNKS devra être très vigilant pour que l’Etat Français, dans le cadre de sa stratégie dans le Pacifique, ne tente de prendre sa place au sein de cette organisation ou alors de se servir du FLNKS comme cheval de TROIE, d’où des manipulations en perspective.

CONCLUSION

De la Tribu de ST LOUIS, à la Kanaky, à l’ensemble des pays Mélanésiens et en passant par les dernières colonies Françaises, la déstabilisation et la manipulation perdurent. Les méthodes s’appuient sur les principes du : « diviser pour régner », sur les « rumeurs qui tuent », le dénigrement systématique, le discrédit de l’action politique…, même si les acteurs et les commanditaires changent en fonction des situations du terrain. Le but est –il de sauvegarder les intérêts supérieurs de la France ?

Engagé dans l’action politique, l’ensemble des responsables kanak que nous sommes, fait l’objet d’actions de déstabilisations, il n’est donc pas surprenant de constater que sur 33 districts coutumiers en Nouvelle-Calédonie, seul mon district est actuellement en proie à des conflits ethniques graves.

Dans ce contexte de crise et de tension, j’en appelle à la vigilance de chacun afin d’une part de ne pas se laisser entraîner dans ce piège mortel, et d’autre part à ne pas donner raison aux commanditaires en entrant dans leur jeu.

Il est urgent qu’une enquête indépendante soit diligentée sur l’ensemble des actions de déstabilisation mené en Kanaky/Nouvelle-Calédonie/Mélanésie. Cette enquête devra se faire sous l’égide de l’ONU et des instances internationales compétentes. Devant ces instances, le FLNKS ne cesse, non sans pression en retour, de dénoncer les manquements graves de la France quant à sa responsabilité historique de procéder à la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie et à l’émancipation du peuple Kanak. Nous continuerons d’opposer une résistance farouche à tous ceux qui par ce genre d’actions tentent depuis 150 ans, à contrer l’avènement de l’Indépendance de la KANAKY.





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